Inflation - l'obsession
- Eric Parent
- 8 juin 2023
- 5 min de lecture
L’indice des prix à la consommation (IPC) est un panier de +/- 700 produits/biens divisés en huit composantes principales dont on mesure la variation entre deux dates données. Grosso modo c’est ça. Pour nous rassurer ils modifient cette liste en ajoutant et en enlevant des produits dans le temps basé sur la consommation de la population afin que le panier de l’indice soit représentatif des habitudes de consommation des citoyens. Exemple le budget alloué à l’achat de DVD qui était important dans les années 1990/2000 ne les plus maintenant. Ensuite les éléments du panier sont pondérés en fonction de l’importance de cet élément dans le budget moyen de la population. En gros c’est ça!

C’est là où des questions s’imposent. Un des mécanismes principaux et semble-t-il le seul dont le gouvernement se sert, pour freiner l’inflation est d’augmenter le taux directeur qui influe sur le coup d’emprunt des banques et incidemment sur les taux d’intérêt à la consommation. L’idée derrière est qu’en augmentant les taux d’intérêt les gens vont moins consommer et donc l’inflation va se résorber. En gros c’est l’idée. Par contre, après 8 hausses consécutives du taux directeur l’inflation ne fléchit pas. Aucun impact.
Parlons un peu des éléments de ce panier. La proportion du panier de l’IPC qui est attribuée aux dépenses de logements est de près de 27%. Si je comprends bien, on augmente le taux directeur pour freiner l’inflation dont l’indice principal soit plus du quart de l’indice est le logement qui compose entre autres (logement locatif, logement propriétaire, Énergie/Électricité). Le fait d’augmenter le taux directeur n’a aucun effet à court terme sur les loyers locatifs. Un bail est signé, la régie limite les augmentations lors du renouvellement à l’IPC donc possiblement un effet à moyen terme mais à la hausse et non à la baisse. Votre logement à diminué vous dernièrement?
Suivez mon raisonnement. On augmente le taux directeur pour freiner l’inflation. Par le fait même les loyers n’ont aucune baisse à court terme et augmentent à moyen terme et donc augmente l’IPC. Regardons le premier poste de la principale composante (Logement) qui représente 16.1% de l’ensemble de l’IPC soit le coût du logement propriétaire. Les propriétaires de maison/condo. On augmente le taux directeur sous prétexte de freiner l’inflation. Pour ceux qui ont un taux fixe sur leur hypothèque, zéro impact à court terme. Le taux est fixe. Au renouvellement par contre, il y a un impact immédiat puisque le taux sera plus élevé donc augmentation du coût relié à l’hypothèque. Pour ceux qui ont une hypothèque à taux variable, l’impact est immédiat soit la hausse de la dépense liée au logement. Cette même dépense qui influence à la hauteur de 16.1% l’IPC! Commencez-vous à comprendre? Bref, on augmente le taux directeur pour freiner l’inflation, par le fait même les dépenses reliées à 26.92% de l’indice augmentent et on se demande pourquoi le taux d’inflation ne baisse pas. C’est moi qui est fou ou quoi?
Le troisième élément de la dépense est l’électricité qui représente 2.4% du paniers de l’IPC. Et bien coup donc ça aussi ça a augmenté! Mais oui ça coûte plus chers produire l’électricité, l’inflation, les salaires des fonctionnaires d’Hydro-Québec, mais oui c’est logique! Donc, on augmente le taux directeur dans le but de freiner l’inflation, cet ennemi juré. Pourtant je viens de démontrer ici que dans les faits plus du quart de l’indice est poussé vers la hausse affectant de surcroît l’IPC vers le haut et ainsi l’inflation! Hallucinant non!
Le deuxième poste le plus important de l’IPC, soit près de 20% de l’indice est le coût de transport qui est évidemment grandement lié au prix de l’essence. Au Québec le prix de l’essence est grandement affecté par le poids énorme des différentes taxes sur l’essence et par le fait que nous ne sommes pas un producteur. Bref, l’augmentation du taux directeur n’a zéro impact sur cette composante, on s’entend. Ce qui pourrait aider pour faire diminuer cette dépense serait que le gouvernement diminue les taxes sur l’essence, disons de 5%, ce qui aurait un impact immédiat sur le coût du transport et donc sur l’IPC de possiblement 1 demi de 1%. Mais non on augmente le taux directeur.
Le troisième poste principal de l’IPC est le coût des aliments qui représente plus ou moins 16% de l’indice total. Ce poste est également influencé par le coût du transport ce qui implique qu’une baisse des coûts de transport impact doublement l’IPC. Pour ce qui est de cette composante, pensez-vous que d’augmenter le taux directeur influence à la baisse le coût des aliments? Zéro impact, Zéro! Au contraire l’augmentation des coûts de logements, des coûts de transport influence nécessairement les coûts d’approvisionnement et aussi, évidemment, les demandes salariales. Mais oui cela va de soi.
Je résume, sur les 3 principales composantes de l’indice des prix à la consommation qui représentent plus de 60% de l’indice, l’augmentation du taux directeur à zéro impact où pour le cas du logements un impact à la hausse de l’indice. Et je ne vous surprends pas si je vous dis que c’est le même effet pour les autres composantes principales (Dépenses courantes des ménages, Vêtements/Chaussures, soin de santé/beauté, loisirs formation lecture, et boissons alcoolisées tabacs) soit zéro impact.

Donc on fait quoi au juste? On fait une obsession avec l’inflation qui est totalement alignée sur le système capitaliste qui suppose l’augmentation des profits d’années en année donc du prix des biens. L’inflation dans notre système est voulue et souhaitée. Évidemment on ne veut pas que le prix des biens de consommation augmentent de 15-20% par année, on est d’accord. Mais une augmentation est tout de même souhaitable pour une économie en « santé ».
En conclusion, le mécanisme principal de frein à l’économie est l’augmentation du taux directeur. Certes, mais pour freiner l’inflation j’ai démontré avec mes connaissances limitées en économie que ceci n’a aucun impact à la baisse mais même au contraire pousse l’inflation vers le haut. Nonobstant ma démonstration basique, les 8 hausses de suite semblent aussi me donner raison. Le taux d’inflation en 2021 était de 3.5% il est maintenant de 6.3 %.
Si le gouvernement veut vraiment freiner l’inflation et la remettre en “ordre” de 2-4 % alors il n’a qu’à baisser : les taxes sur l’essence, taxes foncières, impôts, coûts d’électricité et taux directeur de façon raisonnable 3-4%, pas nécessaire d’être à 1%. Juste une baisse modeste ce ces éléments influence l’IPC immédiatement et on ne parle plus d’inflation mais d’une économie saine. Au lieu de faire une obsession du taux d’inflation le gouvernement devrait s’assurer de permettre à la classe moyenne d’exister et aux entreprises de subsister.
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